Sacré
champion d’Europe le 26 mai dernier à la tête du FC Porto,
José Mourinho était ces derniers jours à Londres pour parapher
un contrat de trois ans avec Chelsea, club du milliardaire
russe Roman Abramovich. Première constatation à l’issue
d’une conférence de presse donnée à Stamford Bridge : le
manager portugais ne connaît pas la langue de bois. (par
Xavier Cerf)
Il fallait oser. Devant un parterre de journalistes britanniques,
José Mourinho, costume noir, chemise bleue, regard espiègle,
ne s’est pas démonté. De son Anglais impeccable, sûr de
lui, le nouvel entraîneur de Chelsea a usé de son franc-parler
habituel. «Désolé si je peux vous paraître arrogant mais
maintenant, Chelsea dispose d’un grand manager.» De son
trône déchu, Claudio Ranieri appréciera. Remercié deux jours
avant l’entrée en scène de Mourinho, l’Italien, désireux
d’empocher une indemnité de 6 millions de livres (9,2 millions
d’euros), est annoncé du côté de Valence, son ancien club.
«Claudio Ranieri est dans le football depuis vingt ans et
il n’a remporté qu’une coupe d’Espagne.» Mourinho passe
à l’attaque.
Quelques mois auparavant, les rumeurs de sa nomination
avaient commencé à se propager dans les travées de Stamford
Bridge. Mais, comme pour faire taire les mauvaises langues,
l’intéressé a tenu à clarifier la situation. «Beaucoup de
gens pensent que ma décision a été prise il y a longtemps.
Ce n’est pas vrai. Chelsea était favori. Mais le premier
contact a eu lieu ce week-end. Je suis heureux de pouvoir
entraîner dans l’un des meilleurs championnats au monde.»
«Gagner dès cette année»
Attablé à sa droite, Peter Kenyon, numéro 2 du club, s’est
félicité de la nouvelle acquisition : «José fait partie
de cette nouvelle et talentueuse génération d’entraîneurs.
Nous sommes convaincus qu’il peut nous mener au niveau supérieur,
à la fois en Angleterre et en Europe.» Autrement dit, Mourinho
devra faire mieux que son prédécesseur : gagner le championnat
et la Ligue des Champions. Mission Impossible ? Non, ambition
légitime pour l’ex-coach du Benfica Lisbonne. «Il n’est
pas prétentieux de dire que j’ai l’intention de gagner dès
cette saison. Je ne demanderai pas de temps pour cela. Chelsea
est le club parfait pour réussir.»
Charmeur et ambigu, Mourinho ne dépareillerait pas dans
le rôle d’Arsène Lupin. Gentleman cambrioleur, « voleur
» d’idées en 1992 lorsqu’il était interprète de Sir Bobby
Robson, alors coach du Sporting du Portugal. «Je lui donnais
de plus en plus de responsabilités. Je lui ai d’abord demandé
d’écrire des rapports de matches, explique l’ancien sélectionneur
de l’équipe d’Angleterre. Petit à petit, il est passé du
rôle d’interprète à celui d’entraîneur adjoint. Il apprenait
très vite. José est quelqu’un de très intelligent.» Tellement
intelligent que l’élève passera huit ans aux côtés du maître,
à Porto puis Barcelone. Mourinho, auteur d’une modeste carrière
de footballeur au niveau amateur, sait qu’il doit beaucoup
à l’actuel manager de Newcastle. Et inversement. «Nous avons
développé un respect mutuel», souligne Robson.
« Quand vous allez à la guerre… »
Cette saison, les deux hommes se croiseront sur le terrain.
Dans un championnat que l’ancien mentor de Porto n’hésite
pas à comparer à une bataille : «Quand vous allez à la guerre,
vous devez vous préparer en conséquence. Vous devez connaître
vos adversaires, leurs forces et leurs faiblesses.» Pour
ce nouveau défi, l’effectif de Chelsea sera considérablement
réduit. «Avec tous les joueurs qui sont supposés arriver,
le groupe devrait normalement être composé de 50 éléments.
Ce n’est pas ce que je souhaite. Il ne me faut que 21 joueurs
de champ plus les gardiens.» Le message est directement
adressé à Kenyon. Le grand ménage d’été, dont pourrait être
victime Claude Makelele (selon le quotidien Metro), va bien
avoir lieu. L’accord signé dans le même temps entre Chelsea
et Porto sur une période de cinq ans, en vue de favoriser
l’éclosion de jeunes Portugais, pourrait aussi changer la
donne. L’ère Mourinho ne fait que débuter.
Article de sport24. |